top of page

Entrevue en toute simplicité


C'est dans un petit café près de la rue Ste-Catherine que je rejoins Dominique Boisvert pour l'entrevue. Dominique Boisvert a été avocat pendant 20 ans et il est aussi auteur de deux livres et de nombreux articles à propos de la simplicité volontaire. Ayant très longtemps vécu à Montréal, Il est depuis deux ans installé en région dans un petit village de 500 personnes.

Au Québec les communautés francophones se sont pendant très longtemps développées autour de leur église catholique. À partir de 1960 commence la structuration de l’État québécois (naissance d'une fonction publique et création d’importants ministères comme l’éducation et la santé). La société a muté très rapidement de par une forte urbanisation, ici au Québec comme ailleurs dans le monde. A l'heure de cette rapidité de développement et du «toujours plus», j'avais très envie de parler simplicité aujourd'hui et de vous présenter les échanges que nous avons eus.


Qu'est ce que la simplicité volontaire ?


C'est une sagesse très ancienne et l’expression «simplicité volontaire» comme telle date de 1936, inventée par Richard Gregg, un Américain disciple de Gandhi en Inde. Cela consiste à identifier nos priorités et nos besoins réels, puis à ne pas se laisser distraire ou détourner de ceux-ci par une consommation inutile. La simplicité s'applique dans tous les domaines de la vie.

En tant que Québécois, pensez-vous que le sentiment de communauté est fort au Québec ?

Nous sommes dans une société où les sentiments d'appartenance sont amoindris, et où globalement, ce qui nous liait est disparu. Les gens qui vivent en ville se demandent davantage à quoi ils appartiennent. On se demande d'ailleurs à quoi les jeunes se rattachent. Est-ce qu'ils se sentent montréalais ? Québécois ? Canadiens ? Citoyens du monde ? Par la culture et l'accès aux voyages, la communauté est un réseau de moins en moins géographique et l’appartenance de sang ne veut plus dire grand chose. Le sentiment de communauté ne me semble donc pas plus plus fort ici qu’ailleurs.

Est-ce que vous sentez plus d'engagement des citoyens qui vivent en région ?

De mon point de vue non. Cela dépend vraiment. Il y a souvent un clivage entre deux types de population: les gens de la place et les gens de la ville qui viennent s’installer en région. Cest là un des enjeux pour tisser une communauté. Le village de St-Camille est un bon exemple de petit village qui s’est pris en mains pour assurer sa survie. Dans beaucoup de villages gérant la décroissance, les forces vives viennent de l’extérieur, avec souvent une vision plus large du monde et une expérience de vie plus diversifiée.

Par contre, la survie ou la revitalisation des villages en région survient dans un contexte où on conteste de plus en plus un développement associé uniquement à la croissance économique qui se dirige droit vers un cul-de-sac au niveau planétaire. Aujourd'hui le discours sur la décroissance devient graduellement acceptable, et c’est tant mieux. Car on a une planète finie et c'est une aberration que de penser qu'une planète finie puisse se développer à l'infini. Je crois que l'on peut progresser davantage en choisissant un développement axé sur l'humain plutôt que sur la compétition.


Les citoyens souhaitent-ils réinventer et se réapproprier la ville ?


Il y a un mouvement de réappropriation qui est en cours, depuis les années 1970 jusqu’à aujourd’hui, à Montréal. Il est visible, par exemple, à travers la question du transport actif, particulièrement avec le réseau des pistes cyclables. Des militants ont travaillé pendant des années, à contre-courant (certains ont dû affronter des procès pour leur engagement créatif: par exemple en peignant des pistes cyclables sur la chaussée durant la nuit). Mais aujourd’hui, cette réappropriation du territoire fait la fierté de Montréal d’être considérée comme une des principales villes cyclables en Amérique du Nord.


Que pensez-vous de ce regain pour le développement local ?


L'Intérêt nouveau pour le local est prometteur. Je souhaite qu'il dure. Le local favorise les échanges directs et tout ce qui contribue à réunir ou à rassembler des personnes, des voisins ou des résidents d’une ville est essentiel. Cela devrait être favorisé dans la vraie vie et non uniquement à travers l'informatique.



Justement, la communauté informatique permet-elle de réunir la communauté en vrai ?


De mon point de vue, les progrès des communications par l'informatique n'ont pas du tout empêché la progression de l'isolement. Selon moi, la communauté en ligne contribue à affaiblir le tissu social immédiat même si elle permet, c'est vrai, de partager des informations qui peuvent favoriser la constitution de réseaux plus larges.


Selon vous simplicité et développement sont-ils alors opposés ou complémentaires ?


Pour moi ces termes sont et doivent être totalement complémentaires pour que les société arrivent a survivre. J'aime bien le terme développement, d'autant plus que j'ai commencé ma vie active dans le développement international en Afrique. C'est à ce moment que j'ai découvert la simplicité et que j'ai décidé, au retour, de continuer à pratiquer et à partager ces valeurs.


POSTS RÉCENTS :
PAR TAGS :
Pas encore de mots-clés.
bottom of page